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Carence en fer chez une adolescente vegan

Je sollicite votre avis sur l ‘intérêt d’envisager un apport de fer par voie parentérale pour les adolescentes végan présentant des carences en ferritine sans anémie, résistantes ou mal-observantes au traitement par voie orale, en l’occurrence pour une patiente imc normal, non anorexique, scolarité normale. Elle présente des signes cliniques : asthénie, anxiété, et troubles cognitifs.

Voici mes questions :

  • y a-t-il selon vous une indication au traitement par voie parentérale ?
  • y a-t-il des contre-indications ?
  • Que connait-on de la réversibilité des symptômes ?

Et enfin, vers quel type de médecin spécialiste ou d’établissement clinique faut-il orienter cette patiente, qui a vu plusieurs médecins mais sans observance de leurs traitements, qui est loin du médecin traitant (ce dernier pose l’indication d’injection, mais recommande aussi de reprendre la viande, ce qui crispe la patiente), qui est à présent volontaire pour trouver une solution plus efficiente (injection) ?

La réponse CrossDoc

Merci pour ce long et intéressant message. Dans les différentes références que vous avez citées, vous avez omis celles des sociétés savantes françaises. Je vous joins donc les recommandations de la société savante de nutrition pédiatrique (GFHGNP) sur le végétalisme et celle de la société française de pédiatrie sur le fer.

Voici les réponses à vos 3 questions :

  1. L’utilisation de la voie parentérale est réservée aux échecs ou impossibilité de la voie orale. On peut considérer qu’il s’agit ici d’un échec qui justifie donc des perfusions régulières de fer compte tenu des conséquences graves de la carence en fer chez le jeune.
  2. Il n’y a pas de contre-indications au traitement martial intra-veineux, en dehors de l’allergie.
  3. La carence martiale se corrige toujours après une perfusion de fer. Ces perfusions devront être maintenues tant que cette adolescente suivra un régime végétalien.

Comme cette adolescente est également carencée en vitamine D, je vous joins les dernières recommandations concernant la supplémentation en vitamine D et en calcium. Lorsque la carence en vitamine D sera corrigée, elle devra doubler la supplémentation (50 000 ui toutes les 6 semaines) car le végétalisme est un facteur de risque.

Retour du médecin demandeur

Je vous remercie pour cette réponse très complète joignant les articles des sociétés savantes françaises. Quand je reprends l’anamnèse de cette patiente en rapport cette fois ci avec son microbiote, je note que la mère de cette jeune patiente a été traitée par antibiothérapie récurrente pendant sa grossesse, et en période post natale, que la patiente est née par voie basse, a été allaitée environ 1 an, mais a reçu des traitements antibiotiques précocement et régulièrement pour bronchite, angine…

Si aujourd’hui l’IMC est normal, il a été parfois plus élevé en cours d’adolescence, et sa stabilité aujourd’hui semble précaire, dès le moindre écart. J’ai lu qu’il y avait des intrications étroites entre microbiote et fer.

Pensez-vous qu’il y aurait un intérêt à ce qu’elle consulte un gastro-entérologue, pour par exemple analyse de la variété de la flore ? Cette question rejoint la question de l’orientation, j’imagine que ça n’est pas une question simple : vers quel spécialiste et au sein de quel type d’établissement pourrait-elle être dirigée ?

Merci de votre attention et de votre implication dans ce support précieux qu’est CrossDoc.

La réponse CrossDoc

Le microbiote génère beaucoup d’hypothèses, parfois très (trop) médiatisées, mais aujourd’hui il s’agit principalement d’observations qui nécessitent encore beaucoup de recherches avant de pouvoir avoir une application clinique. Donc très clairement, il n’y a aucune indication à analyser le microbiote intestinal de cette adolescente.

Pour l’orientation de votre patiente vers un spécialiste, vous pouvez contacter le Dr Julie Rebeuh au CHU de Strasbourg, spécialisée en gastro-nutrition, membre active du GFHGNP.

Grade de preuve (EBM) : A

Niveau de recommandation : Fort

Pour le niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique, consulter les recommandations de la H.A.S.