Dernières recommandations concernant la diversification menée par l’enfant
Les parents nous interrogent souvent sur la DME, avez-vous des références avec des articles et des études ?
Par ailleurs, que pensez-vous du Pediakid vitamine D ?
La réponse CrossDoc
La DME est une méthode de plus en plus à la mode. Il existe peu de données intéressantes dans la littérature. Je vous joins néanmoins 2 articles qui mettent en exergue le avantages et inconvénients de la DME que je vais vous résumer.
Le seul avantage est la possibilité pour le nourrisson de rapidement s’habituer à consommer des morceaux et donc de diminuer les risques de troubles ultérieurs de l’oralité à type de refus des morceaux. Mais cet avantage disparaît si les recommandations suivantes sont respectées : alimentation mixée (lisse) de 4 à 8 mois, moulinée (grumeleuse, moins lisse) de 8 à 10 mois, puis introduction des morceaux de taille et de dureté progressivement croissantes à partir de 10 mois. La meilleure régulation de l’appétit que certains signalent avec la DME (sans bien sûr le démontrer) n’est pas recevable dans la mesure où la régulation de l’appétit est parfaite à cet âge, quel que soit le type d’alimentation. Il en est de même pour la prévention de l’obésité qui est une ineptie.
Les 2 inconvénients sont les risques de fausse-route et de carences. Contrairement à l’alimentation classique à la cuillère, les parents peuvent avoir leur attention détournée en cas de DME et laisser donc leur enfant sans surveillance, et ceci d’autant plus que les risques de fausse-route sont plus importants en cas de DME compte tenu de la taille souvent conséquente des morceaux proposés. Bien que la quasi-totalité des besoins micro-nutritionnels entre 6 et 12 mois soient apportés par les laits infantiles (700 ml ou 3 biberons par jour), l’ajout de graisses dans les repas salés est plus problématique en cas de DME et peut ainsi conduire à des carences.
En conclusion, la DME est à la mode mais ne présente pas vraiment d’intérêt, si la séquence d’introduction des morceaux recommandée est respectée, et expose de surcroît à des risques de fausse-route et de carences nutritionnelles.
Pédiakid vitamine D n’est pas un médicament. Son utilisation et sa composition n’ont donc pas été validés par l’ANSM. Même si l’industriel précise que 2 gouttes apportent 1000 ui,, aucune garantie ne peut être donnée en l’absence de validation par des instances officielles. Par ailleurs, il ne présente aucun intérêt particulier. L’argument utilisé par certains est l’absence de perturbateurs endocriniens dont ces mêmes personnes dénoncent la présence dans les médicaments classiques, approuvés par l’ANSM. Une telle dénonciation est absolument sans aucun fondement scientifique. L’industriel avance le côté « naturel » de son produit, ce qui n’est qu’un simple argument marketing, sans validation scientifique.
Enfin, des recommandations françaises sur la supplémentation en vitamine D ont été rédigées et sont en cours de publication (celle-ci n’ayant pas encore eu lieu, je ne peux pas vous transmettre l’article). Elles stipulent clairement que tout produit non approuvé par l’ANSM ne doit pas être prescrit en raison des risques potentiels, notamment de surdosage, auxquels il expose. Le Pédiakid en fait partie.
En conclusion, il faut uniquement prescrire les médicaments classiques contenant de la vitamine D, approuvés par l’ANSM, et proscrire ceux, comme le Pediakid, qui ne le sont pas et exposent à des risques de sous- et surdosages de vitamine D, et ceci d’autant plus qu’ils n’offrent strictement aucun avantage.
Grade de preuve (EBM) : B
Niveau de recommandation : Fort
Références :
Pour le niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique, consulter les recommandations de la H.A.S.