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Jeune enfant et régime vegan

Une directrice de crèche m’a contacté car ils ont intégré un nourrisson de 14 mois dont les parents vegan ont fait faire un PAI à leur médecin traitant, expliquant que du fait de leur conviction personnelle, ils apporteraient la nourriture de leur bébé à la crèche. Il n’y a aucun moyen de savoir si cet enfant reçoit une quelconque supplémentation. Il est allaité exclusivement.

La directrice s’inquiète maintenant du risque pour ce bébé d’un tel régime, et me demande si elle peut accepter ce genre de PAI.

Je trouve des informations très diverses en fonction des différents sites auxquels je me connecte. Pourriez-vous m’éclairer objectivement sur les risques encourus par ce nourrisson.

La réponse CrossDoc

Je vous joins les recommandations du GFHGNP, la société savante de nutrition pédiatrique.

Pour les résumer, voici la conduite à tenir.

Tant qu’il est allaité avec au moins 4 tétées quotidiennes, il nécessite juste une supplémentation en fer (comme tous les nourrissons encore exclusivement ou majoritairement allaités après l’âge de 6 mois). Il faut aussi vérifier son statut en vitamine B12 (par un dosage sérique), même si la mère est supplémentée, car certains compléments alimentaires végans contiennent une pseudo-vitamine B12 qui ne passe pas dans le lait.

Quand il ne sera plus du tout ou insuffisamment allaité, il faudra lui prescrire une préparation infantile à base d’hydrolysat de riz (Modilac Riz ou Novalac Riz), si possible 3e âge lorsque cette forme existe. S’il en consomme 500 ml/j, il assurera ses besoins en fer, calcium et vitamine B12. Il restera à le supplémenter en DHA (100 mg/j de micro-algues disponibles dans les magasins Bio). Attention les « jus de riz » disponibles dans les magasins Bio ne sont pas des préparations infantiles.

S’il n’est plus allaité et refuse la préparation infantile à base de riz (ou boit des jus végétaux), il devra être supplémenté en fer, calcium, vitamine B12 et DHA selon la posologie précisée dans la publication jointe.

Enfin, dans toutes ces situations, il devra être supplémenté par 800 à 1600 UI par jour de vitamine D.

Si les parents acceptent ce suivi et ces suppléments nutritionnels, il n’y a pas lieu de refuser le PAI et il n’y a pas de raison de faire un signalement. Dans les autres cas, l’enfant étant en danger, un signalement est nécessaire. Mais dans tous les cas il faudra privilégier le dialogue pour éviter que les parents se tournent vers des professionnels de santé complaisants avec les végans et n’ayant aucune compétence pour éviter les carences.

Grade de preuve (EBM) : A

Niveau de recommandation : Fort

Pour le niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique, consulter les recommandations de la H.A.S.