Maladie cœliaque et conduite à tenir chez les apparentés
Dans le cadre du dépistage systématique chez les apparentés au 1er degré, j’ai prescrit un bilan sanguin à la sœur d’un de mes patients que je suis pour une maladie cœliaque.
Elle a 7 ans et est asymptomatique, ne décrit pas de douleur abdominale, son transit est normal, pas d’AEG. Sa croissance est normale. Son bilan a retrouvé des IgA anti-transglutaminases > 250, IgA antiendomysium >1/160. Elle n’a pas de carence en fer ni en vitamine D. Le reste du bilan est normal.
Je n’arrive pas à trouver de recommandations actuelles claires concernant son cas : de ce que je comprends, il faudrait faire des biopsies régulièrement pour s’assurer de l’absence d’atrophie villositaire, réaliser une ostéodensitométrie à la recherche d’une déminéralisation, contrôler les bilans à la recherche de carence, et ne faire de régime qu’en cas d’anomalies. Finalement cela semble très invasif alors que l’enfant est asymptomatique.
Sa mère, qui a le même profil (asymptomatique avec Ac positifs), a vu un gastro-entérologue adulte qui propose uniquement un suivi biologique (pas de biopsies réalisées), pas de régime.
Serait-il judicieux de proposer une éviction du gluten jusqu’à à l’âge adulte pour s’assurer d’une croissance optimale, puis de retenter une réintroduction à la fin de sa croissance ?
La réponse CrossDoc
Les apparentés des patients ayant une maladie céliaque ont un risque de 7% environ d’avoir une maladie cœliaque. C’est pour cela qu’un dépistage est proposé. Le résultat de ce dépistage peut être évalué selon l’ESPGHAN comme pour les patients symptomatiques (à savoir sans biopsie si IgA anti transglutaminases supérieur à 10N). Cependant, cela doit être discuté avec les patients et la famille.
Donc dans votre cas, il faut soit partir sur un diagnostic de maladie cœliaque sans biopsie, mais dans ce cas, il faut soit proposer un régime sans gluten à vie, soit réaliser des biopsies duodénales pour rechercher l’atrophie villositaire.
En l’absence d’atrophie villositaire, votre patiente n’aurait pas de maladie cœliaque mais une maladie cœliaque latente ou potentielle. Dans ce cas, un régime sans gluten n’est pas recommandé, mais un suivi est proposé. Il n’y a que peu de données sur l’évolution au long cours des maladies cœliaques potentielles. Sur une période de 3 ans, les anticorps disparaissent dans 14% des cas, en revanche, 30% des patients ayant des anticorps persistants développent une atrophie villositaire.
En conclusion, pour votre patiente, il faut discuter avec les parents et l’enfant. Soit accepter les critères sans biopsies et considérer qu’elle présente une vraie maladie cœliaque (s’il y a bien eu deux dosages sur deux prélèvements), et dans ce cas elle nécessite un régime sans gluten à vie, soit faire les biopsies intestinales et dans ce cas, conclure soit à une maladie cœliaque active avec régime sans gluten, soit à une maladie cœliaque potentielle et dans ce cas suivre la sérologie et proposer un contrôle dans 2 ans.
Grade de preuve (EBM) : B
Niveau de recommandation : Fort
Références :
Pour le niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique, consulter les recommandations de la H.A.S.