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RGO « interne »

Je suis frappée du nombre incroyable de bébés (qui crient) pour lesquels le diagnostic posé est RGO interne (car il ne régurgite pas ou très rarement) et qui sont sous IPP.

Quelle est la réalité d’une œsophagite douloureuse chez un nouveau-né dont les régurgitations ne sont jamais visibles ?

La réponse CrossDoc

La question posée est simple et de pratique courante. La réponse n’est pas aisée et empirique. Certes, le pédiatre ne peut résumer les pleurs et cris des bébés à l’appel de prescription d’IPP (bel éditorial à ce sujet de Putnam PE, Stop the PPI express: they don’t keep babies quiet! J Pediatr. 2009;154:475-6). Le symptôme des pleurs excessifs inconsolables rentre dans le cadre des coliques du nourrisson qui sont des troubles fonctionnels intestinaux et non une suspicion d’œsophagite organique (critères de ROME 4). Dans un modèle « bioculturel », une alimentation dans un cadre sensoriel et attentif prévient volontiers pleurs et RGO (Douglas PS. Excessive crying and gastro-oesophageal reflux disease in infants: misalignment of biology and culture Med Hypotheses. 2005;64:887-98). 151 nourrissons de 2,5 mois en moyenne, ont « bénéficié » d’une Phmétrie pour pleurs et agitation excessive. 17,9% d’entre eux avait un reflux pathologique. Le cambrement en arrière (opisthotonos) n’était pas un facteur clinique en faveur d’un RGO. En l’absence de régurgitations extériorisés, le RGO était improbable : 90% de valeur prédictive négative (Heine RG et al Clinical predictors of pathological gastro-oesophageal reflux in infants with persistent distress J Paediatr Child Health. 2006;42:134-9). Dans une étude précédente, la même équipe, sur 70 enfants, avait conclu à l’absence complète de nourrissons agités avec reflux « interne » (Heine RG et al Role of gastro-oesophageal reflux in infant irritability. Arch Dis Child. 1995 ;73:121-5). De plus, les IPP sont inefficaces dans le « traitement des cris et pleurs du nourrisson » (Jordan B et al Effect of antireflux medication, placebo and infant mental health intervention on persistent crying: a randomized clinical trial. J Paediatr Child Health. 2006;42:49-58).

Il est donc difficile d’attribuer des symptômes du nourrisson à l’existence d’un RGO pathologique certain (Salvatore S et al Gastroesophageal reflux disease in infants: how much is predictable with questionnaires, pH-metry, endoscopy and histology? J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2005;40:210-5). La coexistence d’une irritabilité avec régurgitations fréquentes, prise de poids modeste, difficultés alimentaires peut faire discuter un traitement d’essai empirique par IPP (Gastro-oesophageal reflux disease in children: NICE guidance BMJ 2015), mais l’œsophagite douloureuse du nouveau-né sans régurgitations n’est pas une entité publiée et reconnue…

Stop the PPI express: they don’t keep babies quiet !….