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Test de perméabilité intestinale

De nombreux patients, notamment avec des traits autistiques, posent la question de la perméabilité intestinale. Certains bilans semblent utiles pour mettre en évidence les troubles de cette perméabilité, comme l’ingestion de lactose et de mannitol, puis recueil des urines.

Des parents me montrent parfois un test au glutathion libre et oxydé, mais je dois avouer ne pas savoir quoi en penser.

Ma question est donc la suivante : existe-t-il des tests standardisés permettant d’évaluer individuellement la perméabilité intestinale ?

La réponse CrossDoc

Il est en effet fréquent que les parents de patients autistes s’engouffrent dans des hypothèses digestives plus ou moins validées pour expliquer et traiter les troubles de leurs enfants (Bjørklund, 2020a).

Parmi celles-ci, l’hypothèse du « leaky gut » est très en vogue. Elle a été lancée il y a 10 ans par une publication (de Magistris et al., 2010) montrant que la perméabilité intestinale était plus souvent anormale chez les patients autistes (36,7%) et leurs proches (21,2%) que chez des sujets normaux (4,8%). Cette hypothèse est aussi « soutenue » par le fait qu’environ 1 enfant autiste sur 2 a des troubles digestifs associés : constipation (45,5%), diarrhée (34,1%) et autres (alternance diarrhée / constipation, douleurs abdominales, etc.: 15,9%).

Le rapport Lactulose/Manitol urinaire après une dose de charge orale est en effet un moyen para-clinique simple d’évaluation de la perméabilité intestinale (Arrieta, 2006). La normale est un rapport LA/MA urinaire <0.030. A ce jour, il n’y a cependant aucune situation clinique où ce test est recommandé, que ce soit pour un diagnostic ou pour orienter un traitement.

Une autre hypothèse est que les enfants autistes seraient plus sensibles au stress oxydatif (comme une pathologie mitochondriale à minima). Même si quelques études cliniques et animales vont dans ce sens (Morimoto, 2020), il n’y a pour l’heure par de recommandation, ni de « tester » le stress oxydatif (par exemple par le test au glutathion libre et oxydé), ni de proposer des traitements en fonction de ce test (Bjørklund, 2020b) chez les patients autistes.

Finalement, comme vous l’avez constaté, le désespoir (bien compréhensible) des parents d’enfants autistes les amènent à chercher des explications et des traitements possibles à ces troubles. Cette quête repose à la fois sur des publications scientifiques sérieuses (mais encore au stade expérimental), mais aussi sur des laboratoires et des médecins peu scrupuleux qui profitent de leur désespoir pour leur vendre des tests ou des traitements non validés. On a d’ailleurs vu passer nombre de ces approches, allant de la micronutrition à l’allergie alimentaire en passant par toutes sortes d’hypothèses en lien avec le microbiote intestinal (et la transplantation fécale).

Malheureusement, à ce jour, nous manquons de thérapeutiques efficaces dans l’autisme et les approches « nutritionnelles » sont décevantes (Farguas, 2019).