Repas végétariens dans les crèches
Je me pose la question de la consommation régulière de produits dérivés du soja chez les enfants de moins de 3 ans, qui sont dans une période de susceptibilité accrue vis à vis des perturbateurs endocriniens. Y a-t-il des études ou des recommandations concernant cela ? Il y a de plus en plus de crèches qui font des repas uniquement végétariens et introduisent du tofu. Merci pour votre retour.
La réponse CrossDoc
En 2005, une alerte de l’Afssa (devenue Anses depuis) avait recommandé de limiter les apports en phyto-estrogènes contenus dans le soja chez le nourrisson et le jeune enfant. Je vous mets un résumé en référence. Il s’agissait en fait davantage d’un principe de précaution, car aucune étude sérieuse ne permettait d’affirmer les effets néfastes de ces perturbateurs endocriniens. Cela a conduit à la disparition des préparations infantiles à base de soja en France, remplacées par celle à base de protéines de riz.
Le problème des repas végétariens proposés dans les crèches n’est donc pas lié au tofu, mais aux risques majeurs de carences qu’entraîne ce type de régime. La Société Française de Pédiatrie recommande de consommer au moins 700 ml/j de lait 2e âge jusqu’à un an, puis du lait de croissance jusqu’à 5-6 ans avec au moins une portion carnée quotidienne pour assurer les besoins en fer, dont les apports peuvent être réduits dans les régimes végétariens (cf publication). Pour le calcium, 3-4 produits laitiers par jour sont nécessaires pour couvrir les besoins (cf recommandation). Il faut enfin 30-40 g de poisson par semaine pour assurer les besoins en DHA après 1 an, car la majorité des laits de croissance n’en contiennent pas.
En plus de ces carences, cette tendance au végétarisme dans les crèches est symboliquement dangereuse car elle laisse imaginer que ce type de régime est adapté à l’enfant. Il n’y a aucune raison scientifique pour imposer un régime végétarien aux enfants, il faudrait donc conseiller aux parents de contester cette pratique, car ces régimes mettent potentiellement leur enfant en danger (cf article)
Grade de preuve (EBM) : A
Niveau de recommandation : Fort
Références :
Pour le niveau de preuve et gradation des recommandations de bonne pratique, consulter les recommandations de la H.A.S.